The Story Of Electricity, disque absolument fabuleux et essentiel du groupe Berlinois Sprung Aus Den Wolken a été édité par Les Disques Du Soleil Et De L'Acier, label basé à Nancy et dont une des particularités était d'avoir, comme New Rose à Paris, pignon sur rue via sa propre boutique de disques, Wave, cauchemar absolu de la faune indé locale et dont les clients se divisaient en 3 catégories bien distinctes :
- Les Affranchis Ceux qui, à force de choix pointus et exigeants, de moues méprisantes et de hochements de tête entendus, avaient réussi, au terme d'un long et douloureux apprentissage à gagner la confiance du tôlier.
- Les Trimards Ceux qui tentaient l'approche au comptoir en demandant à écouter le dernier Einsturzende Neubauten ou Sonic Youth, se heurtant systématiquement aux ricanements méprisants et aux soupirs affectés du vendeur en faction, qui finissait par s'exécuter, balançant le bras de la Thorens du magasin au jugé sur le sillon, avant de l'ôter sans la moindre sommation au bout d'une minute, sifflant entre ses dents serrées un hargneux "voilà, c'est terminé".
- Les Forçats Ceux qui n'avaient pas l'ombre d'une chance, bannis à jamais de la Reichskommandatur du bon goût à cause d'un t-shirt Inspiral Carpets ou d'une veste aux couleurs trop vives, foudroyés par de bouillonnants regards de haine dès qu'ils s'approchaient un peu trop près de la porte d'entrée. Comme il n'avait que peu de chance d'accéder à un statut supérieur, le Forçat était régulièrement utilisé par l'Affranchi ou le Trimard lorsque celui-ci souhaitait s'acheter un bootleg de Dinosaur Jr. ou un single des Manic Street Preachers sans risquer d'être rétrogradé pour faute grave.
Tout ça pour dire que, même si vous aviez pensé faire l'impasse sur cet album de Sprung Aus Den Wolken, j'aimerais que vous preniez le temps de l'écouter quand même. Ne serait-ce qu'en mémoire de tous les Affranchis, Trimards, Forçats et Grecs dérangés de la planète.
Sprung Aus Den Wolken - The Story Of Electricity (Les Disques Du Soleil Et De L'Acier, 1987)
224kbps
WAVE FOR EVER. Surtout avec les Morts aux vaches de staalplaat où une attache parisienne noue le CD. Et du grillage aussi.
RépondreSupprimerhahaha, pas mieux, la rouquine de la rue de la roquette c'était quelque chose, dans le genre alterno berlinois goût café froid et drum bleu
RépondreSupprimerAie oui je me souviens du boss ultrapuant du magasin. Je lui souhaite retrospectivement avoir connu un douloureux dépôt de bilan. En fait dés que tu ouvres un magasin Waves (suivez mon regard) tu signes ton arrêt de fatuité ultime.
RépondreSupprimerTu as oublié la catégorie "apprenti-sorcier", qui, sous prétexte d'un accoutrement pseudo indus-corbac à l'air patibulaire (en fait totalement perdu devant les bacs mais ne voulant pas perdre la face), gagnait instantanément la "sympathie" du vendeur qui voyait en eux de bons clients de la même écurie et leur conseillait moult abominations vaguement schwarz avec écoute rapide à l'appui. Mais ruiné et nouvellement adoubé, l'apprenti sorcier repartait avec un semblant de sourire, une fois sorti de l'antre maléfique bien sûr.
RépondreSupprimerHahaha! Stéphane de Wave, en fait il fallait le prendre avec humour, avec sa légendaire amabilité de porte de prison mais en grattant deux secondes et en balançant trois vannes bien pourries il se détendait très vite...
RépondreSupprimerOui carrément, comem je disais d'ailleurs, il a toujours été cool avec moi (alors que j'étais pas franchement Mr. Bon Goût)...cela dit, je me parle dans ce post du Wave Nancy (le magasin d'origine, que j'ai fréquenté régulièrement pendant 8 ans) et pas à celui de Paris (où j'ai du aller 2 fois grand max)
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