mardi 30 mars 2010

lundi 29 mars 2010

Stanford Prison Experiment - Wrecreation (Island, 1998)


Moins frontal que Quicksand, moins audacieux que Jawbox, mais beaucoup moins scolaire que Fireside ou Sparkmarker et définitivement moins apprêté que Far ou les insupportables Handsome, Stanford Prison Experiment reste le groupe le plus scandaleusement ignoré de la vague post-hardcore de la première moitié des années 90.

Une mise à l'écart certes déplorable mais finalement assez logique : originaires de Los Angeles et amis de longue date avec les membres de Girls Against Boys, Rage Against The Machine et Quicksand (avec qui ils partageront notamment un split 7" quelques semaines avant la sortie de leur deuxième album), Mario Jimenez, Mike Starkey, Mark Fraser et Davey Latter feront d'abord l'erreur de sortir trop tôt (1993) un premier album affreusement bancal (hormis l'excellent single "Mr. Teacher Dad", quasiment rien à sauver dans cet amas de riffs à angle droit écrasés par les sermons de Jimenez, terriblement pénibles sur la longueur). Un écart de jeunesse très largement rectifié en 1995 avec The Gato Hunch, deuxième LP nettement plus ample et cinglant mais paradoxalement moins personnel (on sent que les tournées avec Girls Against Boys et Jesus Lizard on laissé des traces), qui imposera Stanford Prison Experiment comme une des formations les plus prometteuses de la nouvelle vague US.

Mais alors qu'on les croyait condamnés à rafler la mise sans effort sur leur troisième album, Stanford Prison Experiment terminera son parcours dans le mur avec le pourtant impeccable Wrecreation. Un disque qui sortira cette fois-ci trop tard (1998, soit au coeur de l'hécatombe : Jawbox, Drive Like Jehu et Quicksand ont splitté depuis un moment, Jesus Lizard et Girls Against Boys sont partis sur des majors, et deux des labels emblématiques de la scène indépendante US -Touch And Go et Amphetamine Reptile- ont entamé une traversée du désert dont ils ne se remettront jamais), sur une major en pleine restructuration (Island, qui est alors en train de se faire avaler par Universal). Ne bénéficiant d'aucune promotion (pour tout dire, j'ai appris sa sortie à l'époque en tombant dessus par hasard dans le bac de nouveautés de Sister Ray à Londres), Wrecreation ne sortira même pas en Europe et provoquera directement le split du groupe quelques mois plus tard.

Malgré une production beaucoup plus clinique que celle des 2 précédents albums, une direction globalement plus accessible (sur "Fine Line" ou "Contusion", on est plus proche de R.E.M. que de Fugazi) et un démarrage timide (le disque ne décolle vraiment qu'au bout de 4 morceaux), Wrecreation était pourtant, et de très loin, le meilleur Stanford Prison Experiment. Souple, fluide, nerveux, totalement imparable, affranchi de tous les clichés du genre, il se place avec le recul comme le troisième grand disque du post-hardcore, derrière le Slip de Quicksand et For Your Own Special Sweetheart de Jawbox, empruntant au premier sa hargne infectieuse et au second son outrancière aisance mélodique. A (re)découvrir immédiatement, là, tout de suite.

Stanford Prison Experiment - Wrecreation (Island, 1998)
320kbps

samedi 20 mars 2010

Near Dark (Kathryn Bigelow, 1987)


Il y a deux concepts auxquels je serai probablement hermétique toute ma vie : les vampires et le groupe Kiss. A chaque fois que je tombe sur une adaptation de Dracula ou un morceau de Destroyer, c'est comme si on me tendait un poème en sanskrit et qu'on me demandait de le faire réciter à l'envers par un écureuil : ce n'est pas tant que ça me débecte, juste que je ne saisis pas l'idée.

Si je n'ai jamais rien trouvé à sauver chez Kiss (et surtout pas le désolant Kiss Contre Les Fantômes de Gordon Hessler, tellement mauvais que je n'ai même pas réussi à en tirer un roman-photo valable), j'ai longtemps considéré Near Dark comme le seul film de vampires techniquement regardable. A vrai dire, j'adorais ce film. A tel point que j'ai toujours refusé de le revoir pour ne pas en altérer le brûlant souvenir. Sans doute parce que je savais que pour en garder une image aussi parfaite, j'avais fatalement du en occulter les plus évidents défauts.

Pourtant, durant ses 60 premières minutes, Near Dark est aussi génial que dans mon souvenir, si ce n'est bien meilleur encore : sombre, crade, poussiéreux, enveloppé dans une nuit où l'on s'enfonce jusqu'au vertige, et riche en mandales haut-de-gamme (la scène où Caleb tente de rentrer chez lui sous le soleil avant d'être happé par le camping-car, magistrale). Pas le moindre faux pas, pas la moindre erreur de dosage, pas le moindre faiblesse, et pour cause : absolument tous les travers du film sont concentrés à leur degré de pureté maximum sur les 35 minutes de fin.

De la grotesque "guérison" du héros (livrée avec son authentique moment de bonheur-retrouvé-avec-enfant-de-moins-de-10-ans-filmé-au-ralenti) à la subite mutation des vampires (personnages froids, rageurs et méthodiques, transformés en bouffons frénétiques au fur et à mesure qu'ils révèlent leur clownesque cruauté et/ou leur fatigant romantisme), le derniers tiers de Near Dark, loin de relever de la simple maladresse, contamine littéralement le film jusqu'à définitivement le griller dans un inénarrable final secoué par les foudroyants hoquets de la honte.

En 1987, date à laquelle Near Dark est sorti aux USA, le Viennois de Chambourcy était en France l'indiscutable blockbuster des desserts domestiques. Une de ses plus singulières particularités était de radicalement diviser la population entre, d'un côté, ceux qui mélangeaient la crème et le chocolat afin d'obtenir une onctueuse pulpe de merde, et, de l'autre, ceux qui auraient préféré être abattus comme des chiens plutôt que de se livrer à pareille hérésie. Je faisais clairement partie de cette dernière catégorie. Il faut croire que, malheureusement Kathryn Bigelow aussi.

mardi 16 mars 2010

Noise #15


Après un dernier numéro en demi-teinte, rush de fin d'année oblige, retour à la saveur royale avec ce #15 auquel il ne manque cette fois-ci presque rien, si ce n'est la rubrique cinéma (vous avez échappé de peu à une version papier de mon post sur Bad Lieutenant, écarté au dernier moment faute de place) et l'Arlésienne Fight For Your Art, qui sera normalement de retour cet été.

En couve Marvin
Graphiste Elzo Durt
Lost In Translation Dinosaur Jr vs Robert Smith
Discographie commentée Franck Black
Mirror Mixtape dDamage
Bibliothèque de combat Maurice G. Dantec
Dossier Ian MacKaye

Interviews Pavement, Trans Am, Triptykon, Dillinger Escape Plan, Brian Jonestown Massacre, High On Fire, DJ Spooky, Baroness, Former Ghost, Burzum, John Garcia/Kyuss, Fu Manchu, Melissa Auf Der Maur, Extra Life, Warpaint, The Wounded King, Efterklang, Kruger, Kill For Total Peace, Aucan, Pantha Du Prince, Alcest, Sincabeza, Gavin Portland, Sebastien Pras, Homelife, Luis Francesco Arena, Besnard Lakes, White Hills, Tokyo Sex Destruction, Whourkr, Curl, Olen'K.

En kiosque fin mars.

lundi 15 mars 2010

dimanche 14 mars 2010

Sparrow #15


Le nouveau numéro de Sparrow, la revue de l'illustrateur australien Ashley Wood, sera consacré à Pushead. Le format reste le même que pour les précédents volumes (16cm x 16cm, 48 pages, couverture cartonnée et absolument aucun texte). Disponible à partir du 24 mars via IDW.



samedi 13 mars 2010

Wake up, time to die


La mauvaise nouvelle, c'est que cette horloge coucou n'est pas disponible à la vente.

La bonne nouvelle, c'est que du coup vous n'aurez pas à supporter les interminables gémissements de Shelley Duvall à chaque tour de cadran.

mercredi 10 mars 2010

mardi 2 mars 2010

A Single Man (Tom Ford, 2009)


La question de savoir si j'allais aimer ou pas A Single Man ne se posait pas un seul instant : j'avais ouvertement décidé que ce film allait m'emmerder au-delà des limites du raisonnable et que je n'allais supporter ses 1 heure et 39 minutes que grâce à Juliane Moore qui, détail non négligeable, avait ici l'air encore plus belle qu'à l'accoutumée avec son amphigourique monticule de cheveux et ses postures de triomphe déliquescent. Que voulez-vous, les Méditerranéens ont un faible pour les rousses, c'est comme ça depuis les premières orgies Etruriennes et ça ne changera jamais.

Le fait est qu'à l'arrivée, c'est précisément l'inverse qui s'est produit. Contrairement à ce que laissaient penser les affiches et les vagues extraits aperçus ici et là, Julianne Moore, en plus de n'avoir qu'une scène et demi dans tout le film, fait surtout peine à voir dans son rôle de suburbian bourgeoise à la dérive, perdue entre ses regrets et sa bouteille de gin. Le film, lui, loin de m'emmerder, m'a, au-delà de toute attente, carrément enthousiasmé malgré ses terrifiants défauts.

Comme vous l'aurez sans doute déjà lu et entendu 146 fois ailleurs, oui, chaque plan à l'air de sortir tout droit des pages d'un Vogue Homme millésimé 1962 (c'en est presque embarrassant durant les 5 premières minutes où on s'attend à tout moment à entendre une profonde voix-off venir souffler un "Chanel, pour homme" pur velours), mais loin de rendre A Single Man vide, creux, poseur ou aseptisé, cette obsession maniaque du goût sûr se fond avec le même naturel que la lumière orangée de Pasadena dans le quotidien pathétique et désespéré de George Falconer, professeur d'université dévasté par la mort de son amant, et dont le but avoué au début du film est de, chaque matin, "tenir bon jusqu'à la fin de la journée".

Si il faut chercher des poux à A Single Man ce sera donc ailleurs : dans l'envahissante partition d'Abel Korzeniowski, dans les scènes de drague surannées, dans la philosophie scolaire de certains échanges, ou chez une poignée de personnages secondaires balayant les limites du n'importe quoi, comme l'évanescent sosie de Brigitte Bardot, le jeune étudiant à pull mohair ou l'impayable michetonneur gominé qu'on croirait tout droit issu des fantasmes conjoints de Levi's et Gus Van Sant circa 1990.

C'est d'ailleurs la scène où apparait ce dernier qui résume finalement le mieux A Single Man : alors que tout est réuni pour aboutir à un pur moment d'anthologie (outre les fringues, les voitures et l'allure générale, la rencontre entre les deux hommes se déroule sur un parking baigné par le soleil rouge de la fin de journée, devant une gigantesque affiche de Psychose), la scène alterne fulgurances et maladresses avec un équilibre aussi frustrant que minutieux, là où elle aurait pu, avec un peu moins de pose, un doigt de tension et une fière pile de tripes, filer droit vers le chef d'oeuvre. Reste la touche de Ford, impressionnante pour un premier long, et qui repêche presque à elle seule A Single Man, lui insufflant suffisamment de passion et de race pour le faire passer de la tourbe des semi-plantades au terreau fécond des quasi-coups de maître.

  • Pour Un film d'hommes, au sens strict du terme. En rentrant de la séance, je n'avais qu'une envie : prendre une douche, me raser, enfiler une chemise propre et me servir un verre. C'est d'ailleurs exactement ce que j'ai fait.
  • Contre C'est sûr que si vous n'avez que des sweats à capuche dans vos armoires, vous risquez d'avoir un peu de mal à rentrer dedans.