mardi 10 novembre 2009

V 2009


Comme tout 30-something qui se respecte, je me suis épanché durant toute l'année 1984 en longs râles d'alchimiste dérangé devant chaque nouvel épisode de V. Comme tout 30-something qui se respecte, je n'aurais pas misé la moindre guinée sur cette nouvelle version. Comme tout 30-something qui se respecte, j'ai quand même regardé le pilote, pour être sur qu'on avait bien affaire à un truc parfaitement inutile. Comme tout 30-something qui se respecte, j'espérais secrètement me tromper et tomber sur une série prenant ses distances avec le modèle d'origine, gagnant en complexité et en profondeur. Et il faut bien reconnaître qu'effectivement, je me suis trompé. Terriblement trompé, même. Parce que ce que j'ai vu est un pur moment d'Histoire. Un tournant dans le labyrinthique paysage des séries télé. Un évènement qui va intégralement redéfinir l'oeuvre de fiction. Mesdames et messieurs, oubliez tout ce que vous avez vu jusqu'à présent : V 2009 vient officiellement de faire exploser le baromètre à merde.

Un tour de force accompli grâce à deux ingrédients simples (là, normalement, je devrais vous prévenir que les prochaines lignes contiennent des spoilers mineurs, mais si vous lisez ce blog, il y a de grandes chances pour que vous ayez déjà vu le V original, et si vous avez vu le V original, il y a peu de chances pour que vous soyez surpris par les innovations introduites par cette nouvelle version) :
  • Des personnages par-delà les limites du foutage de gueule. 
Un agent du FBI (NIGGA PLEASE !), tellement fière de son métier qu'elle dort avec son badge sur sa table de nuit.












Le fils super wild de l'agent du FBI, croisement entre le Edward Furlong de Terminator 2 et le Tom Cruise de Vanilla Sky, livré avec moto et meilleur-pote-débile-et-obsédé-sexuel.












Un présentateur télé qui ressemble à Michael J. Fox, mais avec le maquillage d'Amanda Lear.












Un businessman trop sympa et hyper sportif qui échappe miraculeusement à un crash d'avion en piquant un sprint.












Un prêtre un peu coincé mais plein de bonne volonté dont le meilleur pote est un SDF paraplégique.












Et, last but not least, le chef des Visiteurs. Dans la version originale, elle s'appelait Diana et il suffisait de moins d'un tiers de seconde pour capter que derrière sa combinaison rouge et sa dégaine de groupie de Twisted Sister, se cachait la reine des pourritures. Dans la nouvelle version, elle s'appelle Anna et comme on est en l'an 2000 et que tout est tellement plus complexe et inquiétant, elle ressemble à un hologramme de Hale Berry dans un film d'entreprise financé par L'Oréal, a une voie douce et chaude, et a droit à plein de gros plans insistants, mettant en valeur le reflet trouble et menaçant que l'on perçoit dans ses yeux de poupée morte.












  • Des ressorts dramatiques bordéliquement chargés en fruits
Ok, ok, on est en 2009, il faut que ça file, le rythme doit être soutenu. De là à faire n'importe quoi, il y a tout de même un pas que V 2009 franchit avec une outrancière absence de race. Après une rapide introduction, durant laquelle les personnages par-delà les limite du foutage de gueule sont présentés un par un via les secousses provoquées sur leur lieu de travail par le vaisseau des Visiteurs, on assiste à l'arrivée de l'armée (qui devait être branchée sur le même réseau qui a informé Nicolas Sarkozy de la chute du Mur de Berlin avec 24h d'avance, vu qu'elle débarque sur New-York pile en même temps que les extra-terrestres), qui peine à contenir le chaos provoqué par une foule de 16 personnes (grève des figurants ?)




Heureusement, tout le monde capte que les Visiteurs sont propres et sympas, et les gens retournent à leurs occupations, parlant de l'événement comme si c'était un truc aperçu vite fait au Zapping de la veille. A commencer par l'agent du FBI qui s'en cogne gentiment les mandibules et enquête désormais avec une conviction rare (checkez son implication dans les scènes de perquisition, ça frise la provocation pure et simple) sur une nébuleuse affaire de traffic d'explosifs.












Mais un indice va la mettre sur la piste d'une organisation secrète qui est en fait un front de résistance contre les Visiteurs. Comme elle est sait qu'elle ne craint rien avec sa veste en cuir, elle s'infiltre dans le groupe et découvre que les Visiteurs sont en vérité des êtres cruels et retors aux desseins machiavéliques et qu'ils vivent sur Terre depuis des décennies. D'ailleurs, elle a à peine le temps d'assimiler toutes ces nouvelles informations, que des Visiteurs surgissent brusquement de la nuit et exterminent les résistants. Comme elle avait sa veste en cuir, l'agent du FBI survit et découvre au passage que son collègue de travail vaguement albinos était en fait un Visiteur et que derrière son apparence humaine se cachait un reptile à la peau molle et visqueuse.








Parallèlement, le chef des Visiteurs vient de donner une interview exclusive au présentateur télé sosie de Michael J. Fox, et elle a mis tout le monde super mal à l'aise tellement elle était gentille et mystérieuse, et le fils super wild de l'agent du FBI s'est, lui, fait avoir comme un bleu par une jeune Visiteuse qui a profité de son instabilité émotionnelle pour l'enrôler chez les boy-scouts collabos (en même temps, il faut le comprendre : entre les soirées lose avec son pote relou et la colo facho d'une blondasse au décolleté obscène, le choix est vite vu)












Quant au businessman sympa et sportif, c'est en fait un Visiteur mais un Visiteur sympa et sportif en rebellion contre son peuple (histoire de racoler auprès des fans de Battlestar Galactica en manque de leur dose de "Cherchez le Cylon"). Le prêtre coincé mais plein de bonne volonté s'est, lui, également retrouvé chez les résistants après qu'un type lui ait remis une enveloppe pleine de sang au terme d'une spectaculaire démo estampillée Actor's Studio, et on terminera en précisant que les 45 minutes de ce prodigieux premier épisode sont emballées dans une esthétique à la croisée d'une cinématique de jeu vidéo circa 1998 et d'une pub pour rasoir mécanique 5 lames et plus.

Le second épisode est diffusé ce soir aux USA. Quelque part sur les hauteurs de la Californie, un scénariste se gratte le ventre en riant pendant qu'une prostituée Ukrainienne passe une troisième couche de vernis mauve métallisé sur ses ongles oblongs.

4 commentaires:

  1. JE SUIS un fan de BATTLESTAR GALACTICA en manque de "Cherchez le Cylon", de là à me taper cette bouse...
    Quoi que, méfies-toi, tu arrives presque à donner envie de le voir pour tout ses défauts !
    :)

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  2. Merde, c'est mort, j'ai trop envie de le voir maintenant ce pilote à la con.

    C'est moi ou le niveau des séries ricaines, ça devient catastrophique depuis quelques années?

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  3. Ah, ça doit être toi, parce que rien qu'entre Breaking Bad (que je considère supérieure à 80% des films sortis ces dernières années), The Shield, The Wire, ou des trucs un peu plus légers comme Curb Your Enthusiasm, Eastbound & Down et Mad Men, il y a quand même LARGEMENT de quoi faire.

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  4. Aprés avoir lu ton petit discourt, j'ai été , étrangement, attirée par ce "navet" comme certain l'appelle. Et en fin de compte agréablement surpris à partir de la saison 2. ( il m'a fallut plus d'un an pour regarder la saison 1 qui n'était vraiment pas passionnant ). Peu etre est-ce à force de regarder que mes goûts se sont ramolis, mais j'ai constaté une nette amélioration de l'intrigue avec pas mal de petit rebondissement. J'ai même commencé à réellement apprécié cette série. Quelle fut ma semi-surprise quand j'ai appris que la suite ne serait pas produite. ( Aussi déçu car en overdose des séries répétitives et vraiment lassantes dans l'univers de la médecine ou police ou encore ces nouvelles séries pour adolescante nevrosée - par peur de représaille je n'en citerai pas - ou aller une petite comme teen wolf ... )
    Enfin bref, quitte à commencer une série, même plus ou moin intérressente, il serait cool de la finir même rapidement et d'une vilaine façon, plutôt que de nous laisser sur la faim.
    Série américaine = éssouflement U_U

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