jeudi 27 septembre 2012

J'irai verser du Nuoc-Mam sur tes tripes #1


Version digitale et multi-cliquable de la première sélection J'irai verser du Nuoc-Mam sur tes tripes parue dans New Noise #12, en kiosques depuis une dizaine de jours. 
C'est désormais via cette rubrique que je publierai l'essentiel de mes chroniques de disque pour le magazine. D'abord parce que je pense qu'il n'y a pas besoin de plus de trois ou quatre phrases pour parler d'un disque. Ensuite, parce qu'à l'heure où les reformations et les néo-dinosaures occupent la majeure partie du terrain (y compris dans New Noise), il me semblait important de prendre position de manière un peu plus concrète et appuyée.


J'IRAI VERSER DU NUOC-MAM SUR TES TRIPES #1
Septembre/Octobre 2012

Vous trouverez ci-dessous les références de sept disques enregistrés par de jeunes groupes ayant entre 2 et 6 ans d’existence.

Ces groupes n’ont sorti aucun disque durant les années 90, n’ont pas splitté et ne se sont pas reformés.

Ce sont des groupes de leur temps et de leur espace, qui n’ont ni légende, ni souvenirs à vendre, mais dont la musique traduit très clairement deux sentiments : l’urgence et l’envie de se battre torse nu contre des panthères dans la jungle cambodgienne.

Ces disques sont, dans l’ordre alphabétique :


Cut Sleeves, le premier album de BITS OF SHIT. Sachant que le groupe vient de Melbourne, qu'il s'appelle "Morceaux de Merde" et qu'il y a un Jack Russel en chemise à manches frangées sur la pochette, je ne vois pas exactement ce que je pourrais vous dire de plus pour vous convaincre d'acheter leur disque. Que ça sonne comme une version ultra-rapide et super pissed-off de Eddy Current Suppression Ring, que le son de basse doit être en mesure de provoquer des elephantiasis du scrotum à distance, que les morceaux durent 1mn45 en moyenne et que "Tallys World" est un des titres les plus jouissifs et définitifs de l'année ? Si vous y tenez. (Homeless)  

Reflecting The Light, le deuxième album de BLACK BUG, ex-duo-synthpunk suédois désormais mené seul par le chanteur/guitariste/clavier Johan, qui en a profité pour déménager à Bordeaux et abandonner son ancien pseudonyme (Ruslav). Exit donc les hurlements de Lily (ex-chanteuse/clavier) et la mitraille ininterrompue du génialissime premier LP : Reflecting The Light donne davantage dans le malaise urbain, les grondements synthétiques, les poursuites en sous-sol et la terreur transalpine façon Fabio Frizzi ou Francesco De Masi ("Delta", "Onskestenen" ou le déjà connu "Nightstick"), émaillés ici et là de coups de sang magistraux (le très Blank Dogs "Untitled" et surtout l'énormissime "You Scream" qui ouvre le disque). A noter que le disque sort parallèlement chez HoZac aus USA et que la nouvelle formation live du groupe -qui se produira le 5 octobre à Paris (Mains d’œuvres)- comprend le bassiste et le clavier de La Secte Du Futur. (XVIII Records)  

Faraway Land, le troisième album de J.C. SATÀN, fierté de Bordeaux, France, meilleur groupe live de la zone euro et référence mondiale en matière de pop motocross et multi-sexes. Le modus operandi est toujours calqué sur celui d'Eric Masters, le peintre/truand de To Live And Die In L.A. de William Friedkin, qui brûlait ses toiles une fois qu’elles étaient achevées. Après un premier album très rapidement réduit en cendres, c’est donc aujourd'hui au tour du pourtant impeccable Hell Death Samba de partir en fumée, carbonisé net par ce Faraway Land proprement bestial, qui marque une nouvelle étape dans le parcours de la maison Satàn. Un disque ambitieux, excessif, infernal, qui surprend souvent ("Legion", "Dragons", "Damnation"), étonne parfois ("Faraway Land") mais impressionne de bout en bout ("Believe Me" ou le définitif "More Power"). Très clairement une des beignes les plus féroces et fondamentales de 2012. (Teenage Menopause/Differ-Ant)

Le premier album de MIDNITE SNAXXX, intelligement baptisé Midnite Snaxxx. Un disque et un groupe comme on pensait ne plus jamais en voir : nom parfait, suprême dégaine (trois mexicaines XXL tout droit sorties d’une BD de Jaime Hernandez, du genre à marauder sur East LA au volant d'une Dodge Demon chichement entretenue avec un poing américain planqué dans leur paquet de marshmallows), patronymes de feu (Dulcinea Gonzales, Renée Leal et Tina Lucchesi), CV discret mais solide (des ex-Loudmouths, Trashwomen, Bobbyteens et LaTeenOs) et surtout 15 morceaux de pur bubblegum punk aux mélodies irréelles (inutile de citer quoi que ce soit, TOUT est à tomber) qui n'ont pas besoin d'être écoutés, considérés ou appréciés tant ils vous CONTAMINENT littéralement. Ravage intégral. (Red Lounge)  

1982 : Dishonorable Discharge, le deuxième album de PUFFY AREOLAS, un des groupes les plus brûlants, sauvages et viscéraux jamais sortis de l'Ohio. Si votre idée du bonheur absolu est d’écouter simultanément Fun House des Stooges, Damaged de Black Flag et Space Ritual de Hawkwind par 46°, de nuit, dans un bar à putes de Saïgon circa 1971, vous tenez le disque de votre vie. Lourd comme le son de la pluie sur les feuilles de manguier entre deux rafales de PPS-43, beau comme le son des dernières gouttes de pisse sur une pile d’exemplaires invendus de Vox Pop. Ultime (HoZac)


Le premier album de RØSENKØPF, trio New-Yorkais qui remonte l’autroroute post-goth des années 2010 à contre-sens et fait disparaître l’intégralité du catalogue Sacred Bones, les petites marchandes de misère mystique (oui, Chelsea Wolfe c'est de toi que je parle) et ce qu’il restait de la Witch House, dans une salutaire purée de tripes et de cartilage. 6 titres brûlants, raides et malfaisants, entre death rock canal historique et new wave tribale. Hautement recommandé. (Wierd)

C’est Bon!, le deuxième album de USELESS EATERS, one-man band de Nashville, Tennessee dont les disques sonnent comme des chefs d’œuvres oubliés de 1978. Il suffit d'écouter "Daft Love": tout est là, résumé en 1 minute et 48 secondes. Total savatage, maximum weirdness et le son le plus pourri de toute l’Histoire de l’électricité. Les plaisirs simples de la vie. (Southpaw)

2 commentaires:

  1. le dernier Useless Eaters est effectivement très bon!

    au fait, cadeau :

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    1. "les petites marchandes de misère mystique (oui, Chelsea Wolfe c'est de toi que je parle)" Haha merci, moi qui trouvait son tribute à RudiPeni franchement douteux, je me sens maintenant moins seul...

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