lundi 3 janvier 2011

The Hunter (Rafi Pitts, 2010)


Gardien de nuit dans une usine de Téhéran, Ali Alavi ne voit quasiment jamais sa femme et sa fille à cause de ses horaires contraignants. Il profite malgré tout de chaque week-end pour passer du temps avec elles et s'adonner parallèlement à son passe-temps favori, la chasse. Un matin, en rentrant de son travail, il trouve la maison vide. La police lui apprend que sa femme a été tuée quelques heures auparavant lors d'un échange de tirs entre les forces de l'ordre et des manifestants. Après avoir mené sans succès sa propre enquête pour retrouver sa fille, qui reste portée disparue, il abat deux policiers, dans un geste de vengeance désespérée. Poursuivi par la police, il se réfugie dans une forêt au nord de la ville.








Sec, rageur, quasi-muet, The Hunter est à l'image de son personnage principal (interprété par Rafi Pitts lui-même). Pas de place pour l'emphase ou le racolage : de la première à la dernière seconde, tout n'est ici que colère contenue et désespoir secret, portés par une mise en scène aussi brutale qu'organique où chaque plan, dilué à l'extrême, oppresse et apaise à la fois. Rythmé par le flot continu des voies rapides de Téhéran et le chaos d'une nature désertée, The Hunter fascine jusqu'au vertige, révélant derrière Ali le vrai protagoniste central du film, tout aussi froid, hargneux et mutique : l'Iran, dont Pitts dresse une peinture aussi menaçante qu'inédite où il expose ouvertement son amour sans bornes pour le cinéma américain, de Delivrance à Vanishing Point (rappelons que Rafi Pitts a signé en 2003 l'exceptionnel Not Guilty, irréel documentaire sur Abel Ferrara). Et pour ne rien gâcher, la bande-son est impeccable. Hautement recommandé.

Sortie en salles en France le 16 février 2011

1 commentaire:

  1. Effectivement, Pitts propose un portrait original de l'Iran contemporain, sclérosé, sordide, presque désespérant. De très beaux plans, une poursuite en voiture à la fois réaliste et grotesque et une BO du meilleur effet. Une réserve tout de même sur la portée politique, atténuée par l'hermétisme du film. A voir en forme, un jour de beau temps.

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