jeudi 11 novembre 2010

Eat The Rich (Peter Richardson, 1987)


Alex en a gros sur la patate. Serveuse au restaurant Bastards, elle doit composer à longueur de journée avec les exigences démesurées et l'hygiène déplorable de clients aussi odieux que fortunés.

Comme ces grosses dames ordurières qui se délectent de bébés panthères frits au miel.

Ou ces nauséabonds hommes d'affaires aux manières grossières et aux moeurs discutables.

Poussée à bout, elle finit par craquer.

Et se fait immédiatement renvoyer sans le moindre ménagement.

Oppressée par les employés de l'ANPE locale, qui ne lui passent aucune faveur...

...mais inspirée par les action désespérées de jeunes terroristes...

...fournis en armes et munitions par Spider, bras droit du Général Karprov, qui mène une lutte secrète contre Nosher Powell, ministre de l'intérieur violent et bas du front,...

...elle part braquer des épiceries munie d'un arc et de quelques flèches.

S'alliant en chemin avec d'autres chômeurs assoiffés de justice, elle débarque un soir chez Bastards...

...et passe l'ensemble de la clientèle et du personnel par les armes.

Elle reprend alors possession du restaurant, qu'elle rebaptise Eat The Rich.

Le lieu rencontre très vite un franc succès...

...pour la plus grande joie d'Alex, désormais métamorphosée en exécrable maître d'hôtel, méprisant ses clients, qu'elle rudoie et insulte sans scrupule aucun.

Mais qu'a donc de si particulier ce nouveau restaurant ?

Eh bien c'est simple : on y mange les clients !


Totalement ignoré en France (où il ne restera à l'affiche que deux petites semaines), mais plutôt bien accueilli en Angleterre, aux USA et en Allemagne, Eat The Rich (qui a d'abord été un téléfilm, diffusé au Royaume-Uni à l'automne 87, avant d'être distribué en salles en Europe et dans le reste du monde, courant 88) se forgera assez vite une petite réputation, principalement grâce à son improbable casting, où se bousculent, outre Lemmy Kilmister (et, accessoirement, le reste du line-up de Motörhead, qui signe au passage la bande originale du film), la quasi-intégralité de l'équipe de The Comic Strip Presents (émission humoristique ultra-populaire en Angleterre durant les années 80, où débuteront entre autres Keith Allen et Jennifer Saunders - tous deux présents ici), une foultitude de cameos improbables, de Jools Holland à Angela Bowie, en passant par Shane McGowan (que vous aurez fatalement reconnu plus haut), Hugh Cornwell, Bill Wyman et Paul McCartney.

Pas de quoi sauver pour autant Eat The Rich du naufrage : malgré une poignée de scènes hilarantes, le film de Peter Richardson, farce outrancière totalement jubilatoire dans le fond (franchement, qui pourrait résister à un pitch aussi irrévérencieux ?), s'avère littéralement épuisante dans la forme. Sur-joué à l'excès (pour tout dire, il n'y a guère que Lemmy qui s'en sort à ce niveau, son exubérance naturelle le dispensant d'en faire des caisses) et enquillant des gags plus proches du Benny Hill Show que du Monty Python's Flying Circus, le film laisse au final une douloureuse impression de gâchis. Impossible en effet de ne pas su surprendre à rêver, au détour d'un plan vaguement réussi ou d'une réplique plus cinglante que la moyenne, à ce qu'aurait pu être Eat The Rich si Richardson avait levé le pied sur l'hystérie, fait preuve de plus de retenue, et pris le temps d'écrire de vrais dialogues. On aurait alors eu quelque chose qui aurait ressemblé à un croisement entre un Street Trash anglais et un Fraggle Rock anar. A un film parfait, en somme. Too bad.

1 commentaire:

  1. Dans quelle mesure la scène de Lemmy Kilmister dans le restaurant a été influencée par 'l'aile ou la cuisse', rapport au poireau qu'il a sur le front ?

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