lundi 29 mars 2010

Stanford Prison Experiment - Wrecreation (Island, 1998)


Moins frontal que Quicksand, moins audacieux que Jawbox, mais beaucoup moins scolaire que Fireside ou Sparkmarker et définitivement moins apprêté que Far ou les insupportables Handsome, Stanford Prison Experiment reste le groupe le plus scandaleusement ignoré de la vague post-hardcore de la première moitié des années 90.

Une mise à l'écart certes déplorable mais finalement assez logique : originaires de Los Angeles et amis de longue date avec les membres de Girls Against Boys, Rage Against The Machine et Quicksand (avec qui ils partageront notamment un split 7" quelques semaines avant la sortie de leur deuxième album), Mario Jimenez, Mike Starkey, Mark Fraser et Davey Latter feront d'abord l'erreur de sortir trop tôt (1993) un premier album affreusement bancal (hormis l'excellent single "Mr. Teacher Dad", quasiment rien à sauver dans cet amas de riffs à angle droit écrasés par les sermons de Jimenez, terriblement pénibles sur la longueur). Un écart de jeunesse très largement rectifié en 1995 avec The Gato Hunch, deuxième LP nettement plus ample et cinglant mais paradoxalement moins personnel (on sent que les tournées avec Girls Against Boys et Jesus Lizard on laissé des traces), qui imposera Stanford Prison Experiment comme une des formations les plus prometteuses de la nouvelle vague US.

Mais alors qu'on les croyait condamnés à rafler la mise sans effort sur leur troisième album, Stanford Prison Experiment terminera son parcours dans le mur avec le pourtant impeccable Wrecreation. Un disque qui sortira cette fois-ci trop tard (1998, soit au coeur de l'hécatombe : Jawbox, Drive Like Jehu et Quicksand ont splitté depuis un moment, Jesus Lizard et Girls Against Boys sont partis sur des majors, et deux des labels emblématiques de la scène indépendante US -Touch And Go et Amphetamine Reptile- ont entamé une traversée du désert dont ils ne se remettront jamais), sur une major en pleine restructuration (Island, qui est alors en train de se faire avaler par Universal). Ne bénéficiant d'aucune promotion (pour tout dire, j'ai appris sa sortie à l'époque en tombant dessus par hasard dans le bac de nouveautés de Sister Ray à Londres), Wrecreation ne sortira même pas en Europe et provoquera directement le split du groupe quelques mois plus tard.

Malgré une production beaucoup plus clinique que celle des 2 précédents albums, une direction globalement plus accessible (sur "Fine Line" ou "Contusion", on est plus proche de R.E.M. que de Fugazi) et un démarrage timide (le disque ne décolle vraiment qu'au bout de 4 morceaux), Wrecreation était pourtant, et de très loin, le meilleur Stanford Prison Experiment. Souple, fluide, nerveux, totalement imparable, affranchi de tous les clichés du genre, il se place avec le recul comme le troisième grand disque du post-hardcore, derrière le Slip de Quicksand et For Your Own Special Sweetheart de Jawbox, empruntant au premier sa hargne infectieuse et au second son outrancière aisance mélodique. A (re)découvrir immédiatement, là, tout de suite.

Stanford Prison Experiment - Wrecreation (Island, 1998)
320kbps

4 commentaires:

  1. Ah ben merde, j'ignorais totalement l'existence de cet album. Merci. Vus en concert à l'époque de Gato Hunch, bien intense.

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  2. gato hunch est tout de même très sunny delight, mais j'ai dû te le dire l'autre fois

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  3. bein merde je ne le conaissais pas non plus...

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  4. Merci pour cet album, même si je ne suis pas tout-à-fait d'accord avec ce que tu dis sur le premier. ;)

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