mardi 22 décembre 2009

J'irai verser 2009 sur tes tripes



Sans ordre, sans réserves et sans commentaires :


MAJOR LAZER
Guns Don't Kill People...Lazers Do
Mad Decent/Downtown


EMPTYSET
Emptyset
Caravan

KING MIDAS SOUND
Waiting For You...
Hyperdub


ANDREW WEATHERALL
A Pox On The Pioneers
Rotters Golf Club



THE XX
xx
Young Turks


LEE FIELDS & THE EXPRESSIONS
My World
Truth & Soul

POLVO
In Prism
Merge


FUKPIG
Spewings Of A Selfish Nation
Feto


STATIC STATIC
Psychic Eyes
Tic Tac Totally


DINOSAUR JR.
Farm
Jagjaguwar


HYPNOTIC BRASS ENSEMBLE
Hypnotic Brass Ensemble
Honest Jon's


BEN FROST
By The Throat
Bedroom Community


KILL FOR TOTAL PEACE
Kill For
Pan European



NEPTUNES FOLLY
Neptunes Folly
Milk & Chocolate


lundi 21 décembre 2009

samedi 19 décembre 2009

Bad Lieutenant - Port Of Call New Orleans (Werner Herzog, 2009)


En 1939, on présente à Cannes un film russe intitulé Si Demain C’est La Guerre, et, effectivement, le lendemain c’est la guerre et la projection n’a pas lieu. Alors quand tu te retrouves face au nouveau Werner Herzog qui est, techniquement, un remake de Bad Lieutenant, le chef d'oeuvre absolu d'Abel Ferrara, où le rôle d'Harvey Keitel est repris par Nicolas "poupée mutante" Cage, tu te dis que tu n’auras pas forcément besoin de conjonctions aussi improbables pour comprendre que tu es tombé sur une merde à l'exceptionnel degré de pureté.

Sauf que voilà, Bad Lieutenant - Port Of Call New Orleans est loin, très loin, de se limiter à une simple faisanderie. C'est un film qui appartient en réalité à une toute autre catégorie : celle de films tels que Ils Sont Fous Ces Sorciers (où Jean Lefebvre et Henri Guybet affrontent des forces vaudou qui prennent possession d'un gant de toilette) ou le thermonucléaire Drôle De Gendarmes (comédie de Bernard Launois avec Sim et Robert Castel qui contient les gags les plus "autres", les plus incompréhensibles et les plus arriérés de la deuxième moitié du XXème Siècle, à commencer par celui où un acteur noir va prendre un bain et en ressort blanc).

Il faut dire que, sans même parler du résultat final, les explications totalement paradoxales d'Herzog et des producteurs du film avant sa sortie en disaient déjà long sur la teneur du projet, présenté tour à tour comme un remake, une suite, une adaptation libre, et finalement un film qui n'avait absolument rien à voir, mais sur lequel un des producteurs -qui possédait les droits du film de Ferrara- avait apposé le label "Bad Lieutenant" pour des raisons assez floues. A ce niveau, la vérité se situe assez clairement quelque part entre la première option (le remake) et une cinquième, qui n'a visiblement pas été évoquée (l'hommage maniaque et exalté à l'ensemble de l'oeuvre de Bruno Matteï).

En effet, Herzog a beau clamer qu'il n'a jamais vu le Bad Lieutenant de Ferrara et hurler à la calomnie dès qu'on qualifie son film de remake, la filiation entre les deux métrages est pourtant plus qu'évidente. Totalement corrompu et psychotique, le personnage de Cage, comme celui de Keitel, fricote avec la pègre, détourne drogue et argent et se fait aider dans sa sombre besogne par tout un tas de petits truands et quelques-uns de ses collègues, dont un jeune flic qui ressemble à un mannequin d'étude pour étudiants en dermatologie moulé sur Stéphane Eicher.






Cage passe ainsi les 2 heures du film à se taper des traces (dans sa voiture, dans des pièces pleines de petits Jean-Paul II en plâtre, ou en compagnie sa petite amie prostituée, interprétée avec une fascinante absence de charisme par Eva "poisson mort" Mendes).









A placer des paris suicidaires sur des matches de baseball foireux dans des bars pourvus de distributeurs de haricots rouges.











A courir après des malfrats à peine majeurs dans des gares routières.









Et à abuser de son insigne de Lieutenant pour menacer des adolescents aux muscles trop saillants ou aux jupes trop courtes.











Dans l'unique but de leur piquer leur crack.











Et de leur faire tâter du fier bâton de la Justice.










Bref, autant d'éléments renvoyant directement au Bad Lieutenant original, le cadre désolé de la Nouvelle Orléans post-Katrina en plus, la pertinence et une certaine forme de classe en moins (la scène avec les deux adolescents résumant à elle seule toute la vacuité du film : là où Ferrara mettait en scène Keitel en train de se masturber avec véhémence dans une scène aussi absurde que dérangeante, Herzog se contente d'un pathétique numéro de pervers pépère de Cage, appuyé par deux rebuts du casting de Gossip Girl).

Mais, bien au-delà du simple remake foireux, Bad Lieutenant - Port Of Call New Orleans fait surtout preuve d'une véritable puissance mongolo, grâce à l'association de trois compétiteurs de poids :





1. Nicolas Cage
      Immergé à 300% dans son rôle de flic pervers, ravagé et semi-handicapé (il s'explose le dos au début du film en voulant sauver un dealer de la noyade après le passage de l'ouragan Katrina), Cage alterne tout au long du métrage deux modes de jeu bien distincts :
      •  Le mode "extra-terrestre fraîchement débarqué sur Terre et tentant de comprendre les rites, us et coutumes de ses habitants"










      Un mode qui peut être utilisé en extérieur comme en intérieur, avec ou sans transpiration apparente.










      Et qui peut, bien entendu, être appliqué aussi bien sur les êtres humains que sur les animaux.











      • Le mode "furioso" (dit également mode "Frédéric Lefèbvre")









      Un mode protéiforme, qui permet à Nicolas "poupée mutante" Cage d'exprimer à la fois haine casual et rage totale.









      Mais aussi quelques variantes plus complexes, comme le bouillonnement contenu, résultat du croisement entre les modes "Eric Zemmour" et "Elie Semoun"












      2. Fairuza Balk
      Vous avez sans doute déjà vu Fairuza Balk, petite actrice aux yeux turquoise, aux lèvres rouges et aux dents jaunes dans des films tels que The Craft, American History X, Almost Famous ou Gas Food Lodging (non, celui-ci vous ne l'avez probablement pas vu, mais je tenais à le citer parce qu'il est plutôt pas mal et que la B.O. est signée J. Mascis). Et Fairuza Balk, donc, fait partie du club très restreint d'acteurs dont la seule présence à un générique signifie "Alerte : Purge Massive" (les deux plus éminents membres de ce club aussi prisé que sélectif étant, pour mémoire, Mario Van Peebles et Sandra Bullock).





      On notera au passage que sa performance dans Bad Lieutenant - Port Of Call New Orleans est, contrairement à celle de Nicolas "poupée mutante" Cage, centrée sur un mode de jeu unique : le mode "pied sur le retour", dit également mode "Lemmy".












      3. Werner Herzog
      Oubliez les chicanes avec Klaus Kinski et les caméos freaky chez Harmony Korine : en 2009 Herzog a clairement mis de côté la force psychotique d'Aguirre et Cobra Verde pour lorgner vers la folie psychotronique de Virus Cannibale et des Rats De Manhattan, classiques indiscutables du regretté Bruno Matteï, dont l'influence est ici omniprésente : bad guys présentés façon "menu déroulant Street Fighter transposé dans décor de salon de thé genevois"





      Comportement erratique de Nicolas "poupée mutante" Cage, qui sort un rasoir électrique de sa poche en plein interrogatoire (interrogatoire qui a d'ailleurs lieu dans une chambre d'hôtel où il apparaît de manière totalement impromptue en mode "vampire traqué")







      Scènes de pur délire Z où un crocodile se dandine sur fond de post-rock et où des iguanes se lancent dans une vertigineuse chorégraphie rhythm & blues


      Et la magistrale scène finale où Nicolas "poupée mutante" Cage et le dealer qu'il a essayé de sauver au début du film (et à cause de qui il s'est fracassé le dos, si vous suivez) se livrent, à la lumière d'un aquarium, à un échange méditatif riche en fruits que Cage conclura avec une punchline tout droit sortie de la réserve à vannes de Fabien Onteniente.












      Sortie en France prévue le 3 mars 2010 sous le titre (on ne rigole pas) Bad Lieutenant - Escale à la Nouvelle Orléans.

      vendredi 18 décembre 2009

      Screamers - Demos 1977-78 (Screamers, 1978)
















      Suite aux demandes, voici en complément du post précédent la compilation des démos enregistrées par les Screamers. Comme précisé dans l'article, il existe une version cd avec plusieurs enregistrements live en bonus, mais comme je déteste et les cd et les enregistrements live, je me limiterai au vinyle d'origine, édité par le fan-club du groupe au début des années 80.

      Screamers - Demos 1977-78 (Screamers, 1978)
      256kbps

      jeudi 17 décembre 2009

      Screamers et synthpunk


      Bien que le but de J'irai verser du Nuoc-Mam sur tes tripes ne soit pas de resservir mes articles passés (et encore moins ceux à venir), en voici un sur les Screamers et le synthpunk, publié dans le numéro 11 de Tsugi (septembre 2008), qui est passé plus qu'inaperçu à l'époque (en même temps, avec Late Of The Pier en couverture, c'était prévisible) et que pas mal de gens m'ont demandé après-coup. Un papier qui n'était pas du tout prévu au sommaire de ce numéro et que j'ai écrit quasiment d'une traite, en une après-midi, pour remplacer un article sur les élections US qui avait été perdu à deux jours du départ pour l'imprimerie.





      NB : Il suffit de cliquer sur les images pour les afficher en taille réelle.
      NB2 : Le titre de l'article n'est pas de moi, il a été modifié à la relecture. Le titre original était "Des Screamers au synthpunk : chronique des armées de l'ombre".
      NB3 : Je devrais, en toute logique, reparler des Screamers d'ici peu.
      NB4 : Ecoutez impérativement tous les disques cités à la fin de l'article. Enfin, non, peut être pas celui de Digital Leather en fait (je me suis emballé un peu trop vite à leur sujet).
      NB5 : Dans le même numéro, j'avais également écrit un article sur les disques-catastrophe (Justified Ancients Of Mu-Mu, The Shaggs, Happy Mondays...), un sujet sur lequel je devrais également revenir d'ici peu.

      mercredi 16 décembre 2009

      mardi 8 décembre 2009

      New Radiant Storm King - Rival Time (Homestead, 1993)


      Sprinkler, Lotion, Bivouac, Dharma Bums, Low Pop Suicide, Chavez, Fudge, Hardvark, Done Lying Down : au petit jeu des groupes d'indie-rock qui n'ont survécu ni à la première moitié des années 90, ni à la mémoire des plus consciencieux d'entre vous, on a largement de quoi passer la nuit. On s'attardera aujourd'hui sur le cas New Radiant Storm King, groupe originaire d'Amherst, Massachusetts (comme Dinosaur Jr, ce qui explique sans doute pourquoi on retrouvera quelques années plus tard le batteur George Berz aux côtés de Mike Watt dans The Fog, le très inégal projet de J. Mascis au début des années 2000), et plus précisément sur leur excellent deuxième album, Rival Times, de loin un des grands incontournables de 1993 catégorie indie-rock pouilleux connu de trois seuls snobs en chemises à pois, juste derrière le premier Brainiac (Smack Bunny Baby, sorti sur Grass et que je posterai sans doute tantôt vu qu'il n'est plus édité depuis un bon moment), cela va de soi.

      Un disque tellement bon qu'il impressionnera jusqu'aux maîtres incontestés de l'indie-rock pouilleux connus de trois seuls snobs en chemises à pois eux-mêmes, à savoir Guided By Voices qui, de l'aveu de Robert Pollard (chanteur-compositeur-guitariste de GBV), s'en inspireront très largement lors de l'enregistrement de leur classique Bee Thousand en 1994. Une indélicatesse que Pollard se fera pardonner dès l'année suivante en partageant un split 7" avec New Radiant Storm King, permettant au groupe d'Amherst d'accéder au statut visé par tous les groupes d'indie-rock pouilleux connus de trois seuls snobs en chemises à pois : celui des groupes d'indie-rock pouilleux connus de vingt snobs à t-shirt manches longues à rayures et méprisé par trois snobs en chemise à pois qui préferaient de toute façon la première démo.

      New Radiant Storm King - Rival Time (Homestead, 1993)
      192kbps

      lundi 7 décembre 2009

      Little Fugitive (Morris Engel, 1953)


      Autant je suis en mesure -pour peu qu'on me donne une deadline précise et une raison valable- de noircir sans problème des pages entières sur un disque ou un film, autant je suis absolument incapable d'écrire quoi que ce soit qui me paraisse un tant soit peu pertinent à propos d'un dessin, d'une photo ou d'une peinture. Ce qui explique l'absence de tout commentaire dans la rubrique "Super femmes contre chiens jaunes", consacrée aux affiches de film. Ce qui explique également l'absence de toute remarque ou description à propos de Little Fugitive de Morris Engel. Un film qui retranscrit avec une perfection absolue le bonheur, l'ennui, l'errance et l'absurdité de l'enfance et qui se regarde définitivement moins qu'il se sent. Génial, sublime, indispensable.

      Disponible depuis quelques semaines en France dans une nouvelle et excellente édition chez Carlotta.